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Louloute & Cie
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21 février 2009

Le plus beau jour de ma vie

Naissance_format_acceuilOn s'y prépare pendant 9 mois, on s'arrange pour que tout soit OK, on range, on plie, on achète, on nettoie, on se documente, on questionne, et en fait, rien ne nous y prépare vraiment.

6h : Je me réveille avec des douleurs dans le ventre, comme des douleurs de règles, lancinantes, profondes mais supportables. Ça tiraille, mais rien de bien méchants. Machinalement, je compte le temps entre ces douleurs. 5 min. Encore 5 min. Et toujours 5 min ! Bon, pas d'affolement, rien n'indique que c'est ça, les fameuses contractions du début de travail ! Je suis réveillée, plus envie de dormir, je vais aller prendre un spasfon. Petit tour aux toilettes, mes intestins me jouent des tours, c'est peut être ça les douleurs !
Mon chéri se lève à son tour et déjeune, moi je n'ai pas faim. Un petit bain bien chaud me tente bien, allez hop ! Musique, vapeur, chaleur, ça va me faire du bien. Je regarde mon gros ventre emmerger de l'eau, luisant, je le caresse, je profite, car bientôt il ne sera plus là. Les douleurs sont toujours là, toujours aussi régulières.
Puis je sors, je m'habille, je me pomponne, j'ai envie d'être jolie aujourd'hui. Un autre spasfon, mais ça ne change rien. J'ai encore plein de choses à faire, du linge à plier, le matelas à nettoyer à la vapeur, mais la douleur augmente peu à peu. J'ai du mal à me concentrer sur les tâches.

9h : Ca commence à faire mal. Chéri ? On savait pas quoi faire ce week-end ? Et bien va falloir que tu te prépares, je crois que nous allons faire un petit tour à la maternité ...
Valises dans le coffre, nous voilà partis ! Le trajet se passe sereinement, sans stress. Je gère la douleur, ça va ! Arrivée à la clinique, direction les consultations. Pas de pot, mon médecin n'est pas là ce matin. Tant pis, ça sera un autre, dommage ... Je m'annonce au secrétariat, puis nous nous installons en salle d'attente. Je suis loin d'être seule, et à mon avis, aussi loin d'être la seule sur le point d'accoucher ! Une autre femme avec un ventre équivalent au mien est là avec son mari, mais elle n'a pas l'air d'avoir mal. C'est moi qui suis douillette ? Qui ne supporte pas la douleur ? Ah bah non, elle a perdu les eaux et n'a pas de contraction ! J'attend, je tiens la main de mon chéri, chaque contraction s'intensifiant. 40 minutes plus tard, enfin, je passe dans le cabinet du médecin. Col à 2 et raccourcit, c'est effectivement pour aujourd'hui !!!
Direction la maternité pour un monitoring afin de vérifier les contractions. Nous voici à poireauter dans un couloir avec le couple de tout à l'heure. Si la fille trouve désagrable de perdre du liquide, moi je suis cramponnée à l'acoudoir d'un banc à gérer tant bien que mal mes contractions. L'aide soignante nous donne un carnet de santé à remplir pour notre fille. Et là, moment crucial, il faut choisir les deuxième et troisième prénoms de notre fille ! Si on y a déjà pensé, on ne s'est jamais décidé ! Bon alors récapitulons, on avait parlé de quoi ? Lucie OK, et après ? Prénoms des grand-mère ? Paule ? Bof, Pauline plutôt ? Ça roule ! Et Christine ? OK !

10h30 : On nous amène dans une petite chambre pour le monitoring. Les électrodes sont placées sur mon ventre, on entend les battements de son petit coeur et on suit le tracé des contractions, qui sont devenues franchement douloureuses. Et toujours de cette régularité implacable, toutes les 5 minutes, montre en main. C'en est même étonnant ! Mon chéri les voit arriver, je lui broie les phalanges de plus en plus fort. On prévient les proches par texto. Je suis de moins en moins bavarde, je commence à redouter l'arrivée des contractions. 5 minutes, c'est pas assez long pour s'en remettre qu'une autre arrive ! Je regarde le monito, on dirait un sismographe ! A quand la prochaine réplique ?

11h30 : Retour de l'aide soignante, qui regarde le graphe : "Ah oui, c'est régulier". Bon et maintenant ? On fait quoi ? "Ah bah je sais pas moi, le médecin vous a pas dit ?" Bien il a dit de voir avec vous ... "Faut retourner le voir alors." Nous voici donc retournés en consultation. Le médecin examine le tracé du monito et nous dit qu'on fait comme on veut, soit on reste en chambre, soit on revient plus tard. Comme je ne me voyais pas refaire 15 min de voiture pour souffrir en silence (ou pas) sur mon canapé, sans savoir quand revenir, on décide de rester. On sort prendre l'air un peu, mais j'ai trop mal pour marcher ou faire quoique ce soit d'autre d'ailleurs. On retourne donc à la maternité pour demander une chambre.

12h30 : Une chambre individuelle se libère, nous nous y installons donc. C'est la 412, comme ma date de naissance ! Mon chéri part chercher les valises, je me déshabille pour mettre une nuisette plus confortable et surtout plus pratique pour les examens ! Col toujours à 2 ... On m'amène un plateau repas, mais je n'ai pas faim, mon homme le dévore !

14h00 : Col encore à 2, j'en ai marre ! Je vais m'asseoir sur les toilettes à chaque contraction. Je perds encore du bouchon, de plus en plus, qui passe de l'aspect blanc d'œuf à qqch de plus en plus rosé, teinté de sang. Puis les contractions se rapprochent, toutes les 3 min ! J'ai mal, le temps me semble une éternité, la tête me tourne. J'ai faim et j'ai soif, mais impossible d'avaler quoique ce soit. Je vois des étoiles à chaque contraction, je ne parle plus, la péri ! je veux la péri ! Ou n'importe quoi d'autre, assommez-moi, je n'en peux plus, je suis si fatiguée, je veux dormir !!! Et mon pauvre chéri, présent à mes côtés, qui me tient la main, et peine à trouver les mots pour me réconforter. Je voudrais lui dire de ne pas s'inquiéter, que malgré tout ça va, que je suis tellement heureuse, il est là près de moi, notre fille va naître, mais les mots ne sortent pas, ils sont comme bloqués dans ma tête, la douleur s'empare de moi.
On tient tout le monde au courant, moi par texto, je n'arrive plus à terminer mes phrases, et lui au téléphone.

16h00 : L'infirmière revient enfin, m'examine, col à 3 !!! Enfin !!! Ça bouge !!! On va pouvoir aller en salle de travail ! Et j'aurai enfin ma péri !!! Vite, allons-y, qu'est ce que vous attendez ???
Je me lève et sens du liquide couler entre mes jambes ! Je perds les eaux ! Mais peu, car ma pépette est basse, sa tête doit être appuyée sur le col. On m'amène en fauteuil roulant, je ne calcule plus grand chose. Je m'installe sur la table de travail, on me branche, je demande une perf, je n'ai pas mangé depuis 20h ! Puis plus rien, on nous laisse comme ça, à attendre ! On ne sait même pas ce qu'on attend !
On entend une femme hurler dans la pièce à côté ! Oh mon dieu, qu'est-ce qu'il se passe ? Puis les cris d'un bébé ! Une naissance ! Mon chéri et moi, on se regarde en souriant, bientôt à nous de vivre ce moment magique !
Je perds du liquide à chaque contraction, mais on ne m'a rien mis pour absorber ! J'appelle l'aide soignante pour lui dire. "Mais vous perdez les eaux ?!?" Bah oui !
Nouvel examen, col à 4, on appelle l'anesthésiste !

17h00 : L'anesthésiste arrive, c'est celui qui m'avait reçu en consultation. Mon chéri doit alors sortir de la salle, je lui conseille d'aller manger un morceau pendant ce temps, j'avais prévu plein de petits trucs à grignoter pour lui.
Je m'assoie sur le bord de la table. Piqûre d'anesthésie locale, puis on me pose la péri. Je préviens à l'arrivée de chaque contraction. L'aide soignante me tient contre elle pour que je garde la bonne position en gérant la contraction. Je sens le tuyau descendre, c'est pas agréable, mais ça va. Puis on m'injecte le liquide, et là, je sens la douleur qui s'estompe peu à peu. Mon chéri revient, et me retrouve souriante et plus sereine ! Malheureusement, je sens la douleur revenir peu à peu sur la gauche. L'anesthésiste revient, je lui explique, et on essaie de me mettre sur le côté gauche. Le liquide s'écoule mal à cause de l'eau qui à engorgé mes tissus; Je n'ai donc pas pris que du gras ! Je fais aussi de la rétention d'eau !
Ça ne fonctionne pas, on décide donc de me reposer la péri, mais une vertèbre plus bas. Faites ce que vous voulez, du moment que je ne sent plus la douleur ! Et ça marche ! Nickel chrome ! Plus de douleur ! Je revis ! Les contractions me font l'effet des contractions non douloureuses de la grossesse. Je sens toujours le liquide sortir à chaque contraction, mais je n'ai plus mal ! Je peux enfin me reposer un peu, et mon chéri est soulagé !

20h00 : Col à 9, les choses sérieuses vont pouvoir commencer !!! La sage-femme me redresse pour faire descendre la petite. Elle était tellement basse la veille que je ne me fais pas de soucis pour ça ! L'équipe commence à préparer la salle, le médecin passe voir où nous en sommes. Et là, je recommence à sentir la douleur, la péridurale refoire à gauche ! La SF me dit qu'on ne peut rien faire, que c'est surement mon point faible ... Tant pis, je supporterais encore la douleur, maintenant que je sais que la fin est proche.

Le bébé est bien engagé, elle a déjà bien progressé ! Toute seule, comme une grande, elle a fait une partie du chemin ! Maintenant, à mon tour de travailler ! Il faut commencer à pousser ! Mais je ne me rappelle plus de rien, les cours de respiration, j'ai tout oublié ! Première poussée, j'arrive pas, je bloque pas assez ! Ça sert à rien ! La SF me réexplique alors. Une autre contraction arrive, je repousse, je me concentre, je bloque ma respiration et je pousse ! Mon chéri me soulève le haut du corps et me tient, il m'accompagne dans mon effort, et je me sens plus forte de le sentir derrière moi, à mes côtés ! Je pousse de toutes mes forces, et elle vient ! Le haut de la tête est sorti ! On attend la prochaine contraction et on recommence ! Je pousse encore, je gémis, je manque de souffle mais je ne lâche rien, elle est tellement proche ! La tête est sortie ! La SF me félicite ! La prochaine c'est la bonne ! Allez courage, encore une fois et elle est sortie ! On attend encore la contraction, qui se laisse désirer (alors que je les redoutais tant avant !), et enfin elle arrive ! Mon chéri voit ses cheveux déjà, et moi je pousse comme jamais, je veux la voir, je veux l'attrapper, la prendre dans mes bras, je veux ma fille !!! Je continue de pousser, reprend mon souffle, et pousse encore. La contraction est passée, mais je continue ! Et là, ça y est, je la sens sortir de moi ! La SF me dis de l'attraper, je mets du temps à réagir, je ne sais plus trop où je suis. Puis je vois la SF qui la tient et me la tend, je l'attrappe et la pose sur le bas de mon ventre. Le cordon est trop court, mon chéri ne pourra pas le couper. Elle ne pleure pas, elle grogne un peu. Couverte de vernix, de sang, mes mains glissent un peu sur sa peau, mais je la tiens contre moi. Le cordon est coupé, on m'aide à la remonter vers moi. Je veux voir son visage, mais elle a la tête tournée vers son papa et je n'ose pas bouger. Je sens son odeur, que je n'oublierai jamais. Je la dévore des yeux, je n'ai pas de mot, mon chéri non plus. Je le regarde, j'espère qu'il arrive à lire dans mes yeux tout mon amour pour lui. On a tout les deux un sourire béat sur les lèvres ! La fatigue, la douleur, les craintes, tout s'est envolé d'un coup.

Quelques minutes plus tard, elle est emmenée pour les soins. Mon chéri part avec elle pendant que je reste pour mes soins à moi. Le placenta a été expulsé tout de suite après l'accouchement. Je n'ai pas eu d'épisiotomie, mais quelques points seront nécessaires pour des déchirures superficielles. Le médecin arrive alors, après la bataille, pour les travaux de couture. Je suis un peu dans les nuages, je regarde partout, j'écoute ce qu'il se passe à côté dans la salle des soins du nouveau né. Mon chéri reviens alors m'annoncer les dimensions : 3,085kg et 49cm ! Et elle va bien ? Elle a tout ce qu'il faut ? Oui oui !

La couture finie, on me la ramène avec un petit bonnet pour le peau à peau sous une lampe chauffante. On reste alors tous les 3, on prend des photos, un petit film au camescope, elle a les yeux ouverts, mais ne semble pas avoir faim. Elle suce son pouce, fait des petites bulles, gémit parfois. Puis l'auxiliaire puéricultrice la prend pour l'habiller, et me la repose sur le ventre. Mon chéri prévient la famille, et moi je suis toujours complètement dans les nuages.

0h00 : Nous regagnons ma chambre, où je confie, un peu à contre-coeur, ma petite Lucie à la nurserie. Je suis trop fatiguée, j'ai peur de ne pas être capable de gérer quoi que ce soit une fois seule dans ma chambre. Mon chéri repart à la maison, j'aurais tellement aimé qu'il reste près de moi cette nuit là. Je lui explique où il pourra trouver sa boîte à papa, terminée la veille ! Et moi je m'endors, d'un sommeil léger, tellement troublée par toutes ces émotions, shootée par l'anesthésie, fatiguée, mais tellement heureuse !

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Commentaires
L
je t'assure que c'est bien moins flippant que le récit d'autres...parfois on tombe sur certains récits et on se demande pourquoi on a stopppé la pilule ! :-)
M
Pour le petit brin d'humour on te fait confiance ! ;-)<br /> Après, gore ou cucul, l'essentiel c'est ton ressenti ! Je crois que pour moi, on perçoit bien le côté "douloureux" des contractions !
L
ça sera soit très gore soit très culcul...mais toujours avec son petit brin d'humour ! :-)
M
Merci Mariposa !<br /> J'attends avec impatience ton tour ! Ça nous promet un beau récit !
L
(oui je suis plus rapide que mon ombre quand j'apprécie certaines choses, comme ton écriture)<br /> <br /> la fin de ton récit est extremement émouvant, on sent tout l'amour de cette rencontre. encore félicitations à vous deux !
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