Dans les tripes ...
Je me suis faite cette remarque récemment, en remarquant à quel point j'ai pu changé depuis la naissance de Lucie. En apparence, ça peut paraître imperceptible. Mais c'est là, au plus profond de moi, comme une petite boule de feu au milieu de mon ventre.
Déjà en regardant les femmes enceintes caresser doucement leur ventre, avec ce joli sourire béat, je sens cette chaleur qui monte. Et ces petits bouts qui cavalent partout, qui me font toujours penser à ma Lulu, je m'identifie à leur maman et leur sourire fière et plein d'amour.
Quand je discute avec d'autres mamans, on échange, je m'attendris sur un exploit, m'attriste sur un pleur ou une peine tellement je la comprend, je la ressens.
Quand on retrouve nos amis, et qu'ils s'émerveillent devant notre fille, la complimente, la prennent dans leurs bras, lui font des bisous et jouent avec, je me sens tellement heureuse, la chaleur m'envahit dans tout le corps !
Et surtout, là où la petite boule de feu se transforme en brasier géant jusqu'à presque me faire mal, quand j'entends des histoires tristes, horribles ou sordides. Cette amie qui me raconte son avortement à 11SA, parce qu'elle était trop jeune et grossesse découverte tardivement (sous pilule), et je vois avec douleur cet enfant sous les traits des premiers clichés de ma Lucie. Cet enfant oublié dans une voiture, j'imagine ma Lucie, seule, apeurée ! Cet enfant malade, atteint d'une leucémie, je vis le calvaire de ses parents, espérant chaque jour une amélioration ! Ce bébé mort oublié dans l'appartement de sa mère alors hospitalisée, 5 jours d'agonie, pauvre petit être ! Je me sens révoltée !!! J'imagine ma fille en pleur, en larme, pleine de sanglot, et mon ventre se tord de douleur, d'imaginer ces drames.
Et pourtant je n'accuse personne, qui suis-je pour juger une situation dont je ne connais que ce que les médias ont bien voulu relayer en ajoutant du sensationnel en-veux-tu-en-voilà.
Je les vis juste, là, au plus profond de mes tripes, dans l'angoisse de vivre un jour ces drames, dans l'angoisse surtout qu'un jour ma fille ait à subir ces épreuves, par négligence. Je vis aujourd'hui tout ça avec un coeur de maman, qui aime sa fille à en mourir.