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Louloute & Cie
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12 mars 2011

La Néonat

William_monitoring_small Pendant des semaines, j'ai angoissé à l'idée d'accoucher prématurément. Je ne voulais pas vivre l'angoisse de ces mamans de mon entourage, ma soeur notamment, qui ont vu grandir leur bébé les premiers jours de leur vie à travers le plexiglass des couveuses. Les 37SA passées, j'ai soufflé ! Accouchement à 38SA, re-ouf. Sortie de maternité sans encombre et l'ombre de la néonat me semblait loin derrière moi.

Puis mon allaitement tant rêvé a montré des signes de faiblesse. Je sentais que je prenais la mauvaise pente, mais j'ai essayé de tenir. Jusqu'à ce que je constate avec effroi que mon bébé dormait trop. Je n'arrivais plus à le réveiller efficacement, il replongeait immédiatement dans le sommeil ! Je tente de lui donner un biberon de LA, un petit flacon ramené de la maternité, mais rien à faire, Camille ne veut pas le boire. Je tente alors le peu de LM que j'avais au frigo, il n'avale rien. Je tremble, et un signal d'alarme sonne de plus en plus fort : mon bébé ne va pas bien ! Je crains la déshydratation, j'ai peur, je suis à la limite de la panique. Tout s'embrouille dans ma tête, que dois-je faire ? Je me ressaisis. J'appelle mon mari et lui explique, il faut que j'emmène Camille aux urgences. Je lui demande de rentrer pour garder Lucie, qui l'attendra chez la voisine. Mais Lucie ne veut pas me laisser partir, elle s'aggrippe à moi, le regard suppliant de ne pas la laisser, de ne pas partir sans elle, de ne pas l'abandonner chez cette dame qu'elle ne connait presque pas. D'accord, je n'ai pas le choix, et pas le coeur de lui faire subir encore ça, elle viendra avec moi. Je prépare une petite valise en vitesse et nous partons à l'hôpital de ma ville.

Accueil mitigé aux urgences, Camille n'est pas encore afflilié à ma sécu (il a 9 jours !). Les premiers examens sont effectués : poids à 2,750kg, soit son poids à J+2, cà n'est pas bon, il a maigri. T° à 36.5°C. Test glucose. Puis un médecin arrive, un homme d'origine africaine non-chalant. Il n'a pas l'air d'être habitué aux touts-petits. Ni aux questions d'allaitement. J'explique les soucis auxquels j'ai fait face, il écoute distraitement en pianotant sur son ordinateur, me demande pourquoi je n'ai pas vérifié en tirant mon lait quelles quantités je donnais à mon enfant. Je m'enfonce, je sombre à chaque question. J'arrive enfin à faire avaler à Camille mon lait au biberon, une première victoire. Puis le couperet tombe : votre enfat va être hospitalisé. Je fond en larme, le sol s'écroule sous mes pieds. Le poids de la cuplabilité m'accable : je n'ai pas assez nourri mon enfant, je n'ai pas été capable de le nourrir comme il fallait, il est aujourd'hui en danger par ma faute. Ma faute !!!

Je patiente dans le couloir des urgences, entourée de cas de gastro-entérite, serrant mon bébé dans les bras et versant toutes les larmes de mon corps. Lucie est repartie avec son papa. Nous attendons le feu vert de la néonat pour monter.

L'accueil est beaucoup plus chaleureux, Camille est pris en charge pour les examens de base, prise de sang, examen d'urine, etc... Je suis de mon coté sollicitée pour remplir les feuille d'informations nous concernant : Camille, son environnement familial, nos habitudes. Je répète encore notre histoire, la mater, mon allaitement, la débandade. On m'explique le fonctionnement de la néonat, me montre la chambre de Camille, un petit box bien équipé. Je vois les fils, les capteurs, l'écran du monito. J'entends les bip, les alarmes, les pleurs des bébés, je craque encore. Puis je tire mon lait et le mets au frigo. C'est peu, mais on m'encourage à le faire, et de toute façon, je ne peux rien lui donner d'autre, rien faire de plus.

Je rentre chez moi. Seule. Mon bébé est resté là-bas, dans sa petite chambre, dans son "aquarium". Seul. J'ai envie d'hurler, j'ai envie de me frapper. Je garde la tête haute pourtant. Je ne mange pas, je prépare les affaires de Camille pour le lendemain dans sa chambre vide et me couche, le coeur en miettes.

Les journées auront un air de routine bien rodée :

7h : Réveil, je me prépare, caline ma Lulu, déjeune (ou pas), tire mon lait, range un peu l'appart et pars vers l'hopital.

8h30 : Arrivée à l'hopital, en général pour le biberon. Puis je change la couche, le pyjama si besoin, trie les affaires à remporter et dépose le linge propre. Je tire mon lait, prend des nouvelles auprès du personnel.

12h : Pause déjeunée, en fonction des réveils de mon loulou.

13h30 : Visite du papa, on fait le biberon, les soins, je tire encore mon lait, je bouquine.

17h : Je pars chercher ma Lulu à la crèche. C'est notre moment à nous. On joue, on fait du coloriage, je lui raconte, Camille il est avec les docteurs mais il va bientôt rentrer. Maman y retourne ce soir, mais je vais rentrer à la maison après !

19h30 : Mon mari rentre et moi je repars. Biberon, tirage de lait, bain, soins, change, un dernier bisou sur mon ange endormi et je rentre.

22h : Lucie m'attend, elle ne dort pas. Je l'embrasse, la remet dans son lit, et file me coucher.

Des heures qui défilent à la fois vite et lentement, des bébés qui pleurent de ne pas avoir de bras qui les bercent, des alarmes qui se déclenchent pour je ne sais quelle raison, des mamans aux visages inquiets qui vont et viennent, quelques papas aussi, le bruit mécanique du tire-lait dans le silence de la nuit. Et la culpabilité, toujours présente, dévorante. Celle d'avoir mis mon bébé dans cet "état". Celle de délaisser ma Lulu. Renforcée par quelques commentaires pas très fins d'une infirmière pas très fine. Et des larmes, de la fatigue, beaucoup de fatigue.

Enfin on m'annonce la sortie tant attendue ! Mon bébé va bien, il a grossit, il mange. On me soutient dans mon allaitement. On m'a même fait rencontrer une psy. On me donne des conseils, des contacts, des sourires et du soutien. Camille y sera rester 5 jours, une éternité. Et encore, j'ai échappé à la couveuse, à la sonde, à la perfusion, à toutes ces choses intrusives qui m'effrayaient. Mon bébé est resté calme et ne semble pas éprouvé par son séjour. Mais moi, je n'en sors pas indemme.

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Commentaires
L
:( ce recit est bouleversant <br /> Il me rappelle tellement les longs jours à veiller ma bibiche en pédiatrie. C'est très longs a encaisser tout ça.<br /> Tu es une super maman n'en doute jamais
M
J'exorcise peu à peu. Comme tu le dis petit Papillon, toi qui l'a vécu, au final on ne garde que les meilleurs moments. <br /> Et la culpabilité, je crois bien qu'elle est propre à notre condition de maman ! On veut tellement le meilleur pour eux qu'on ne peut pas s'empêcher de se sentir fautive pour toutes les mauvaises choses qui peuvent leur arriver !
L
Cendrine, cette culpabilité que tu ressens, sache que je la connais. Elle esf puissante, abyssale mais je te promets qu'elle passera avec le temps. Bientôt tu oublieras ces bips, tu oublieras cet écran de contrôle, les pleurs déchirants des voisins de box. Tu ne garderas que les bonnes images: les sourires du personnel, les pesées positives, le jour de votre retour. Fais moi confiance. Et un jour tu seras fière de ce que tu auras entrepris pour ton fils.<br /> <br /> N'oublie pas que je suis la si tu as besoin d'une oreille pour exorciser tout ça. Courage!
M
dur dur, et toute cette culpabilité...<br /> pourtant je t'assure que tu as eu les excellents réflexes d'une excellente maman!<br /> longue et belle route à vous 4 maintenant que c'est derrière vous. bises
E
ce récit là me bouleverse carrément. je sais par quoi vous êtes passés, mais cela n'empêche, c'est toujours aussi poignant; et la justesse des mots que tu emplois, n'en est que plus forte. <br /> il te faudra sûrement du tps pour "aller de l'avant" mais il ne faut pas que tu t'en veuilles. tu es une maman formidable, ne l'oublie pas. je vous envoi tout pleins de gros bisous ;-))
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