En salle d'attente ...

Me voici samedi, 13h, en salle d'attente chez le gynécologue. Je m'installe, et détaille une fois de plus cette salle que je connais si bien. 10 ans déjà que je viens ici, et rien de change, pas même la déco sur les murs. Juste le pèle-mêle de faire-parts et photos de bébé derrière la secrétaire et la pile de magazines.

D'ailleurs, ces magazines me font toujours doucement sourire : Mais d'où sortent-il ? Qui choisit quels magazines mettre dans une salle d'attente ? Parce que les choix ne sont pas forcément très judicieux : une pile de Le Point, une autre de Madame Figaro, et un Oops et deux Voici qui se battent en duel. Ces deux derniers sont écornés, un peu déchirés. Et on le voit bien, à peine déposés par une patiente qui entre en consultation qu'une autre se jette dessus ! Et oui c'est bien connu, personne n'achète Voici, mais tout le monde sait ce qu'il y a dedans !
Alors pourquoi ne pas mettre des magazines plus en relation avec la clientèle ? Parent ou 9 mois pour les femmes enceintes, les jeunes (ou moins jeunes) mamans ! Voici et Gala pour les femmes en général ! Cosmo pour les plus jeunes ! Peut être n'y a-t-il aucun intérêt à faire cela. Déjà qu'il faut 2 mois pour avoir un rendez-vous, alors nul besoin d'attirer de nouvelles patientes !

Puis je regarde la déco sur les murs, immuable depuis 10 ans. Un poster de Raoul Dufy, une échographie encadrée d'un superbe portrait de foetus, de ceux qu'on rêve d'avoir mais que l'on n'arrive jamais à prendre pour cause de bébé peu coopératif et de médecin pressé. Quelques affiches et notes informatives sur la CMU, les prochains travaux d'agrandissement de l'établissement, les sages-femmes et leur coordonnées.

Une nouvelle affiche m'interpelle, elle propose des services aux futurs parents : aide à l'allaitement, soutien en cas de baby-blues, informations sur les modes de gardes, conseils en puériculture, etc ... par des professionnels de la santé, et déductible des impôts. Nous voici donc dans l'ère du service à la personne, où maintenant il faut payer pour obtenir l'aide et les éléments qui autrefois se transmettaient de génération en génération, de mère en fille, une sorte de transmission du savoir ancestral aujourd'hui interrompu. Je ne critique pas le principe, je sais très bien ce que c'est que de se retrouver seule chez soi, au retour de la maternité, le papa au boulot et toi perdue face à ce nouveau-né, cet inconnu finalement, qu'il va valoir apprendre à connaître. Je trouve ça bien de proposer une aide. Mais triste. Triste que cela devienne, comme tout, une marchandise et non plus un échange.

Puis je détaille du coin de l'œil les patientes. Aujourd'hui, ce sont uniquement des femmes probablement issues d'une communauté rom à leur accent roumain et leur tenue colorés, qui peuplent la salle. Elles sont jolies et discrètes, avec leurs foulards fleuris, leurs longues jupes et leurs manteaux cintrés près du corps qui soulignent magnifiquement leur silhouette longiligne. Un seul homme les accompagne, et parfois en consultation. A coté de moi, une femme tient fébrilement sa carte de réfugiée politique, elle attend avec une autre pour passer entre deux rendez-vous. Malheureusement, le médecin ne pourra rien pour elle, aucun examen ne pouvant être pratiqué avant 2 jours dans son cas. La femme repartira silencieuse, l'autre en colère d'être ainsi baladées de service en service, de médecin en médecin, avec un manque d'information et probablement de compréhension flagrant. Mauvaise coordination ou manque d'effort ?...

Arrive ensuite une femme d'origine africaine le ventre énorme et le sourire aux lèvres, accompagnée de son mari. Encore une tenue colorée et chatoyante ! Elle resplendit, elle en impose, on comprend en la voyant pourquoi on dit que certaines femmes rayonne pendant leur grossesse. Je fais pâle figure à coté de toutes ces femmes si féminines, si jolies, moi enfermée dans un jean de grossesse qui glisse en permanence, mes pulls larges et informes, sombres et tristes !

Mon tour arrive enfin. Je laisse alors toutes ces femmes réunies par leur maternité passée, présente ou future derrière moi, mais reste songeuse à cette image si diversifiée de la féminité à laquelle j'ai assisté.

Comments

[le papillon]

très joli billet en effet. la transmission...c'est quelque chose qui m'obsède depuis la naissance de tom...je me demande parfois si l'on fera les choses différemment pour nos filles ?!

[Lodilodi]

Très très joli billet :o)
M'enfin moi je ne trouve pas que tu fasses pâle figure!
Et pour l'échange je trouve ça triste aussi d'en arriver là :o(
Bientôt tu rayonneras en sortant tes 2 enfants ♥