L'annonce
Je suis dépitée … Je ne comprends pas …
Et pourtant, tout commençait si bien ! Quelle émotion à la découverte de notre petite « surprise », notre petit squatteur qui avait décidé, à l’occasion d’un moment d’inattention, de s’installer bien au chaud ! J’imaginais ce petit têtard, minuscule, qui se développait, et déjà d’immenses bouffées d’amour m’envahissaient, celles d’une déjà-maman qui connait le bonheur qui l’attend de nouveau !
C’était bien !
Mais c’était trop court. Trop vite rattrapé par la réalité, celle faite de détails matériels, de côtés pratiques et financiers, bref, de choses qui nous paraissent tellement superficielles comme ça ... Et pourtant ...
Déjà, souhaitant être la plus correcte possible, je préviens très rapidement mon beau-frère de patron, pour ne pas le mettre dans une situation pénible, et qu'il puisse voir venir. Il est heureux pour nous, je le suis aussi !
Puis les amis qui grillent assez vite (Mais comment ça tu ne bois pas d'alcool ??? Mais t'es enceinte??? On ne peut rien vous cacher !). Mais aussi des réactions mitigées, voir effacées ou inexistantes. C'est le deuxième, peut être mons de surprise, mais quand même...
Puis les parents. On fait ça bien, on attend confirmation par écho, un repas ou nos parents respectifs sont là, on leur annonce, bouteille de champagne à la main ! Réaction immédiate de ma mère : "Encore ???" suivi d'un très pertinent : "mais Olivier est au courant ???" Oui mon patron est au courant, mais je tiens à préciser que ça n'est pas lui le père, le père c'est mon mari, on a fait ça bien, et il est très heureux, mais il semblerait que ça ne t'intéresse pas ... Puis sourires embarrassés ... Je me tourne vers mon père, il ne dit rien, mais je sais qu'il est content. Et ensuite mes beaux-parents, un peu sous le choc de la première réaction à vif de ma mère : "Oh mais c'est super ! Quelle bonne nouvelle ! Félicitations !" Merci ! Merci à vous d'avoir dit ce que je souhaitais entendre ! Encore merci !
Puis réaction de mes grands-mères : "Ah bah vaut mieux ça qu'une jambe cassée hein !" de l'une, et des félicitations de l'autre, teintés de reproches car elle aurait aimée être au courant avant des cousins un peu trop bavards croisés en vacances qui ont grillé la chose par mes apéritifs répétés au jus de pomme.
Et viennent enfin les remarques pas très agréables au boulot, faire des bébés c'est bien, mais là ça fait beaucoup en peu de temps. Ton congé parental ça m'arrange pas, tu comprends, on a fait des travaux chez toi !
Si j'avais su ... Si j'avais su qu'une nouvelle pourtant si joyeuse, pouvait apporter tant de remarques désobligeantes.
Et moi je suis mal, parce que j'ai du mal à concrétiser cette grossesse trop soudaine, parce que je suis fatiguée, j'ai des nausées, je culpabilise .. Et j'ai envie qu'on me chouchoute, j'ai besoin qu'on me chouchoute ! Mais personne n'est là pour me soutenir, me dire à quel point c'est merveilleux, que c'est que du bonheur, que je suis forte, mais que j'ai le droit d'être faible aussi.
Alors je bosse, je fais mon ménage, je m'occupe comme d'habitude, finalement j'ai l'impression de faire abstraction de ma grossesse, pour montrer que je suis forte, vous voyez ça comme je suis costaud ! Même pas mal ! Je ne vais pas me plaindre ! Mais je me sens si seule.
Et toi petit bigorneau, tu gigotes dans mon ventre, tu te manifestes déjà ! Et tu as raison, rappelle-moi que tu es là, rappelle-moi à quel point je suis heureuse au fond de moi, à quel point je t'aime déjà !